dadahprod

Allez chez moi m'attendre !

Jeudi 15 mars 2007 à 11:32


Ici, pour tous les gens heureux, le soleil brille !

Dehors, il fait chaud. A peine revenus de leurs vacances au paradis blanc de la nature au rabais, les nègres artificiels ont sur le visage la marque auréolée de leur courage futile, l'impression en négatif d'un masque de justicier beau-gosse gonflé aux amphétamines, une ridicule tache dépigmentée rose-cul au milieu de leur peau dorée à la feuille de papier hygiénique… Ne sont-ils pas merveilleux, tous ces crabes albinos décarapacés fardés de cancers épimerdiques ? Ne sont-ils pas admirables dans la molle candeur de leur pathétique bain de sommeil hypnotique ?

Les corps dénudés luisent sur les pelouses citadines, et ils cuisent en brochettes, alignés dans la triste uniformité de leur parade sensuelle, unis par les liens sucrés de la sueur et du sperme qui s'immisce ça et là entre les cuisses malodorantes de quelques pucelles en manque d'horizontal. Et, du haut de sa bienveillance, le soleil envoie le pouvoir séducteur de ses rayons jusque sur les torses tannés et les nichons en plastoc. Alors partout dans la ville, ça sent le barbecue, ça sent la belle viande grillée, ça sent le cadavre… et ça me rend fou de joie !

Le soleil brille pour tout le monde, et jamais il ne se couche sur l'empire de la connerie !

Mardi 6 mars 2007 à 1:04

                                       

            Enchevêtré dans les tentacules desséchés de cette ville pubère mais toujours boutonneuse, perdu dans l'imaginaire de ce crassier doré hanté par des milliers de carnassiers friqués, il existe un lieu secret dont je connais l'accès. On y va courant par-dessus les collines de maisons en foutoirs, observant au passage des putes dans des camionnettes pleines de foutre. Les marches y sont étroites et glissantes, bouffées par les lichens, peintes à la Van Gogues en tartines par des artistes canins sans talent. Il faut du courage et un cœur dernier cri pour vaincre le sommet et goûter enfin à la volupté de ce jardin d'Eden toujours presque désert. Là-haut, seules quelques Eves ridées cachent pudiquement leurs vieux habits de chair sous de larges oripeaux à fleurs suintant l'urine. C'est là, dans ce cimetière sans tombe, que chaque jour elles attendent patiemment d'aller rejoindre leurs Adams, tout en jetant machinalement des miettes humides à des pigeons franchement dégueulasses. Quand j'arrive là-haut, à chaque fois, je traverse l'allée principale en zigzaguant entre les vieilles qui me dévisagent avec insistance, fixement, plantées raides comme des arbres morts, la bouche crispée, et le regard noir parce que ma venue fait fuir les pigeons. Essuyant les quelques grognements des mémés et de leurs caniches roses en fourrure, je me pose d'habitude sur un banc, toujours le même. Mais aujourd'hui, il était occupé par une de ces nymphettes défraîchies avec une gueule comme un chrysanthème fané… Ne voulant pas déranger la demoiselle des années folles, je suis resté à distance, et je l'ai observée comme un naturaliste observant une bête, ou plutôt comme un obsédé observant un naturiste… Je suis resté là, voyeur, tourmenté par le mystère de ses mains fripées, de son corps informe pâté écrasé sur les lattes de bois, et de ses yeux étrangement aussi pétillants que ceux des jeunes filles !...
           
Derrière la tour, le soleil déclinait, et dans le jardin les arbres disparaissaient un à un… Mais elle restait là, plantée comme un gros chardon mou avec des yeux en pâquerettes humectées de rosée, elle pleurait… Elle pleurait… Et je voyais distinctement les larmes couler en cascades sur ses joues jusque dans son décolleté plissé et apparemment borgne… Elle pleurait en silence en se laissant envahir par la nuit… Elle pleurait, alors je suis parti, le cœur inondé de vomi sentimental…
           
Désormais, je n'irai plus me perdre dans ce triste paradis suspendu sur la grisaille hurlante de la cité… J'irai carrément au cimetière, c'est tellement plus gai !

Dimanche 18 février 2007 à 1:36

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Maquillé comme une maman, je suis sorti draguer les papas qui aiment les jolies mamans peintes en rose. Dehors dans le vent, mes bas jusqu’en haut remontés sur mes poils, marchant sur mes talons bruyants, j’ai fait des clins d’œil aux papas mouillés. Mais les papas durs en bas n’aiment pas les petits papas décorés en mamans, alors ils m’ont cassé la gueule en haut. C’est ça l’amour ? De la chaleur humide, des choses dures et mouillées, et des coups qui font mal ? Moi, j’aime bien l’amour, j’aime les sentiments qui font dégueuler, j’aime aussi les caresses. Quand je serai un papa, je serai aussi gentil qu’une maman. Pour de vrai, je veux pas être un papa. Un papa c’est jamais là et ça pique. Quand je serai grand, c’est décidé, je ne gratterai pas partout des joues. Je serai une maman avec un zizi. Une maman gentille qui fait des câlins aux autres mamans. Les mamans, c’est toujours les plus jolies. C’est pour ça que les papas les aiment, c’est pour ça que les papas les serrent dans leurs bras très fort contre eux en disant des gros mots, c’est pour ça que les papas leur font faire la vaisselle, c’est beau une maman qui fait la vaisselle ou alors une maman mouillée des mains qui lave le carrelage. Papa aime quand ça brille ! Alors il achète des bijoux à maman pour qu’elle brille autant que le carrelage, et aussi pour qu’elle soit heureuse devant papa... Parce que les papas aussi, ils aiment bien briller… Alors il faut que les mamans les astiquent comme quand elles nettoient les robinets de la salle d’eau ! Il faut les frotter longtemps, jusqu’à ce que les papas voient des étoiles ! Comme ça, après ils achètent encore plus de bijoux aux mamans… Les mamans sont comme des arbres de Noël, très beaux tous nus, mais qu’on trouve encore plus jolis avec des guirlandes tout autour… Les mamans sont si belles, elles méritent bien ça !… Mais les papas, ils sont souvent en colère, ils cassent tout et ils jouent à la guerre avec les mamans. C’est rigolo un papa énervé qui renverse une table sur une maman qui pleure ! Quand même, c’est fort un papa… parce que c’est très lourd une table !... Et c’est faible une maman qui pleure… Mais je préfère être une maman quand même. Je m’en fous d’avoir des muscles comme un papa ! Moi je veux pas casser les assiettes des mamans, je veux pas ! Puis les papas, ça aime bien changer de maman… Les papas ne pensent qu’à voir les mamans toutes nues et à les faire crier ! C’est amusant les papas, c’est comme les animaux à la télévision. Mais être une maman, c’est tellement plus mieux ! Une maman toute seule, une maman qui aime les mamans, une maman qui lit des histoires chaudes le soir pour ne pas s’endormir, une maman qui aime mettre les mains sous les draps en chantant, une maman qui se cogne la tête contre les murs jusqu’à saigner dans sa culotte pour faire peur aux papas… une maman avec un sourire jusqu’aux dents, une maman avec des dents blanches jusqu’aux pieds, une maman avec des gros nénés doux et un zizi de papa, une maman amoureuse, une maman…
« Les enfants !... Papa arrive, allez vite vous coucher ! »…

Mercredi 31 janvier 2007 à 10:38

            Imaginez une avenue bordée de platanes, avancez tout droit depuis le pont jusqu'au feu tricolore, puis tournez à droite dans cette rue peuplée d'ombres… C'est bon, vous y êtes !

            Dans cette rue, chaque fois que j'y retourne, j'entends des fantômes… Et je me revois petit enfant, j'ai cinq ou six ans, je marche en direction de l'école en tenant la main de ma mère avec mon cartable vert collé à mon dos comme une carapace de tortue ninja… Dans cette rue, j'entends crier les gosses enfermés derrière les grilles de la cour de récréation, j'entends aussi hurler les chiens et les femmes cloîtrées chez elles entre le torchon et la télévision… Dans cette rue, je revois l'immeuble jaune et bleu, les trois étages de mes vingt années écoulées au travers de ces murs fissurés… Le reste de mon temps passé me semble flou… J'étais ici ou là, dans d'autres rues… Toujours du gris sous mes pieds, toujours du gris dans ma tête… Et du bleu partout dans mon cœur !

            La vie est comme une pièce de théâtre dans laquelle chacun joue plusieurs rôles… Dieu, ce merveilleux cloaque créateur de toute merde visible et invisible sur Terre, ne m'a distribué que des rôles de monstres trouillards ou de princes charmants en carton !...

            Dans cette rue, hier je titubais… J'avançais de traviole, mes jambes emmêlées comme un plat de spaghettis, le cœur pendouillant à ma boutonnière, sursautant comme le tic-tac d'une vieille pendule attardée… Mon cerveau dépassant de mes oreilles exhibait aux passants des lueurs de honte semblables aux néons publicitaires qui clignotent le long des boulevards des grandes métropoles…

            Hier, non, celui qui gueulait à en vomir ses entrailles, ce n'était pas moi ! Bien sûr, je sais qu'il n'est pas raisonnable de toujours accuser la bouteille de tous mes travers d'humeur et de tous mes méfaits… Je sais…

            Aujourd'hui, maintenant que je suis rentré auprès de moi-même, dans mon vrai rôle principal, je ferme les yeux et j'écoute… J'écoute le bruit des vagues, les tourbillons sur le fleuve, les gémissements d'un clochard sous le pont, les roues des grosses voitures qui éclaboussent les flaques, le gens qui klaxonnent et s'insultent, le grésillement senteur couscous du transistor de l'épicier, les roues des petites voitures parcourant les murs ocres, la petite vieille qui tousse accoudée à sa fenêtre au dessus de ses géraniums, les ailes des pigeons dans le vent devant les nuages en coton-tige, la mécanique des grues qui piaillent en marquant l'espace de traits jaunes rouillés, le claquement de mes pas qui résonnent sur les marches en pierre de l'escalier, ma main agrippant la crasse de la rampe vernie, le cliquetis des clés de mon père dans la serrure, des enfants qui courent dans le couloir et qui sautent jusqu'au plafond, le sourire de ma mère, les gens qui applaudissent au salon dans une émission de variétés, des embrassades, des rires, de l'amour…

            Et puis rien !

Lundi 29 janvier 2007 à 23:01



Aujourd'hui encore...

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