dadahprod

Allez chez moi m'attendre !

Dimanche 25 mars 2007 à 0:12


Moi, tout ce que je voulais, c'était passer du bon temps à jouer à l'apprenti clodo sur mon banc en buvant des bières sous la pluie… Finalement, je me suis retrouvé au Printemps face à la fille du ministre !... Un regard glamour, genre film de cul pour bourges !... Vous imaginez ? Impressionné et dégoulinant de sueur, j'ai trébuché sur la béquille d'une vieille qui s'est alors écroulée en tas de boue dans les escalators… « Tout va bien madame ? Vous voulez que j'appelle une ambulance ? ». Pas de réponse, tant pis… Alors, pour lui rendre un ultime service, je l'ai achevée à coup de talons ! « BamBaamBaaamBlaaaashSplaaash…Pouic ». Terrifiés, les quelques ahuris qui se tenaient autour m'ont laissé repartir, toujours en sueur, toujours cœur battant… En atteignant la porte de sortie, je me suis retourné vers mon public mouillé du slip, et j'ai salué ! Je m'en suis allé sous un tonnerre d'applaudissement, comme dans les émissions de variétés où les spectateurs beaufs abrutis tapent mécaniquement dans leurs mains à chaque fois qu'on leur demande… Dehors, je l'ai revue. C'était encore elle, la fille du ministre, qui me faisait des clins d'œil en louchant. J'ai voulu la rattraper en lui courant après, mais à peine avais-je parcouru dix mètres que je me suis pris un panneau publicitaire en pleine gueule ! Sonné, je ne me suis réveillé qu'au bout d'une bonne dizaine de minutes, lorsque quatre bras bleus musclés m'ont levé…

Dans ma nouvelle chambre, la déco est plutôt minimaliste, mais c'est assez douillet… A travers les carreaux opaques de mon fenestron, j'aperçois des pigeons en liberté qui chient sur les voitures en stationnement… Moi, désormais, je peux seulement chier dans mes draps pour faire râler les mâtons et les infirmiers, rien de plus… Dans les couloirs, j'entends les autres crier mon nom ! Pour eux, je suis le Roi !... Dans une cellule, j'entends le crissement aigu du caoutchouc et le flop-flop rythmé d'un gant rempli de nouilles au beurre… Je retiens en moi toutes ces saveurs exquises et je reprends mon souffle une dernière fois,… puis je saute à pieds joints dans une flaque de sang frais… Soudain, changement de décor… Tout est noir… Tout est calme… Peu à peu, je peux distinguer une pâle silhouette…

Face à moi se tient la fille du ministre…

Jeudi 15 mars 2007 à 11:32


Ici, pour tous les gens heureux, le soleil brille !

Dehors, il fait chaud. A peine revenus de leurs vacances au paradis blanc de la nature au rabais, les nègres artificiels ont sur le visage la marque auréolée de leur courage futile, l'impression en négatif d'un masque de justicier beau-gosse gonflé aux amphétamines, une ridicule tache dépigmentée rose-cul au milieu de leur peau dorée à la feuille de papier hygiénique… Ne sont-ils pas merveilleux, tous ces crabes albinos décarapacés fardés de cancers épimerdiques ? Ne sont-ils pas admirables dans la molle candeur de leur pathétique bain de sommeil hypnotique ?

Les corps dénudés luisent sur les pelouses citadines, et ils cuisent en brochettes, alignés dans la triste uniformité de leur parade sensuelle, unis par les liens sucrés de la sueur et du sperme qui s'immisce ça et là entre les cuisses malodorantes de quelques pucelles en manque d'horizontal. Et, du haut de sa bienveillance, le soleil envoie le pouvoir séducteur de ses rayons jusque sur les torses tannés et les nichons en plastoc. Alors partout dans la ville, ça sent le barbecue, ça sent la belle viande grillée, ça sent le cadavre… et ça me rend fou de joie !

Le soleil brille pour tout le monde, et jamais il ne se couche sur l'empire de la connerie !

Mardi 6 mars 2007 à 1:04

                                       

            Enchevêtré dans les tentacules desséchés de cette ville pubère mais toujours boutonneuse, perdu dans l'imaginaire de ce crassier doré hanté par des milliers de carnassiers friqués, il existe un lieu secret dont je connais l'accès. On y va courant par-dessus les collines de maisons en foutoirs, observant au passage des putes dans des camionnettes pleines de foutre. Les marches y sont étroites et glissantes, bouffées par les lichens, peintes à la Van Gogues en tartines par des artistes canins sans talent. Il faut du courage et un cœur dernier cri pour vaincre le sommet et goûter enfin à la volupté de ce jardin d'Eden toujours presque désert. Là-haut, seules quelques Eves ridées cachent pudiquement leurs vieux habits de chair sous de larges oripeaux à fleurs suintant l'urine. C'est là, dans ce cimetière sans tombe, que chaque jour elles attendent patiemment d'aller rejoindre leurs Adams, tout en jetant machinalement des miettes humides à des pigeons franchement dégueulasses. Quand j'arrive là-haut, à chaque fois, je traverse l'allée principale en zigzaguant entre les vieilles qui me dévisagent avec insistance, fixement, plantées raides comme des arbres morts, la bouche crispée, et le regard noir parce que ma venue fait fuir les pigeons. Essuyant les quelques grognements des mémés et de leurs caniches roses en fourrure, je me pose d'habitude sur un banc, toujours le même. Mais aujourd'hui, il était occupé par une de ces nymphettes défraîchies avec une gueule comme un chrysanthème fané… Ne voulant pas déranger la demoiselle des années folles, je suis resté à distance, et je l'ai observée comme un naturaliste observant une bête, ou plutôt comme un obsédé observant un naturiste… Je suis resté là, voyeur, tourmenté par le mystère de ses mains fripées, de son corps informe pâté écrasé sur les lattes de bois, et de ses yeux étrangement aussi pétillants que ceux des jeunes filles !...
           
Derrière la tour, le soleil déclinait, et dans le jardin les arbres disparaissaient un à un… Mais elle restait là, plantée comme un gros chardon mou avec des yeux en pâquerettes humectées de rosée, elle pleurait… Elle pleurait… Et je voyais distinctement les larmes couler en cascades sur ses joues jusque dans son décolleté plissé et apparemment borgne… Elle pleurait en silence en se laissant envahir par la nuit… Elle pleurait, alors je suis parti, le cœur inondé de vomi sentimental…
           
Désormais, je n'irai plus me perdre dans ce triste paradis suspendu sur la grisaille hurlante de la cité… J'irai carrément au cimetière, c'est tellement plus gai !

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