« Vas-y mon grand, avance-toi et embrasse-le une dernière fois… »
Le petit grand-père est allongé sur le lit blanc pisseux de la chambre d'hôpital, baignant dans sa couche et dans l'humilité d'un grand homme devenu cadavre animé sous respiration artificielle… Il semble si petit, ses jambes décharnées enfoncées sous le drap, tremblant comme un vieux flan gâté tout en poussant quelques petits gémissements imperceptibles... Toute la famille est là et se tient à distance autour de lui d'un air de fausse tristesse trahie par quelques sourires mesquins et quelques chuchotements… « Vivement la fin ! »
« Vas-y mon grand, dis adieu à Papy... Il n'en a plus pour longtemps tu sais… »
Un baiser glacé sur une joue rappeuse mal rasée et surtout couverte de croûtes, un mot doux à son oreille… Le vieillard sourit et se tait, laissant sur son visage la couleur sincère d'un amour jamais déclaré… Une larme s'évapore au coin de ses yeux clos…
« Il est temps, rentrons… »
Puis la porte s'ouvre, se referme… L'ascenseur est un boudoir express, une loge à sanglots… Même dans ce cas, les larmes paraissent honteuses…
« Demain, je pars loin, très loin… et toi Papy, où t'en iras-tu ? »
Le jour de sa mort, seul dans ma chambre, j'avais le cœur serré… et seul l'onanisme pouvait me libérer de cette douleur jusqu'alors inconnue…
« Pour toi grand-père, ce jour-là, je pleurais… en jouissant ! »