dadahprod

Allez chez moi m'attendre !

Mardi 6 mars 2007 à 1:04

                                       

            Enchevêtré dans les tentacules desséchés de cette ville pubère mais toujours boutonneuse, perdu dans l'imaginaire de ce crassier doré hanté par des milliers de carnassiers friqués, il existe un lieu secret dont je connais l'accès. On y va courant par-dessus les collines de maisons en foutoirs, observant au passage des putes dans des camionnettes pleines de foutre. Les marches y sont étroites et glissantes, bouffées par les lichens, peintes à la Van Gogues en tartines par des artistes canins sans talent. Il faut du courage et un cœur dernier cri pour vaincre le sommet et goûter enfin à la volupté de ce jardin d'Eden toujours presque désert. Là-haut, seules quelques Eves ridées cachent pudiquement leurs vieux habits de chair sous de larges oripeaux à fleurs suintant l'urine. C'est là, dans ce cimetière sans tombe, que chaque jour elles attendent patiemment d'aller rejoindre leurs Adams, tout en jetant machinalement des miettes humides à des pigeons franchement dégueulasses. Quand j'arrive là-haut, à chaque fois, je traverse l'allée principale en zigzaguant entre les vieilles qui me dévisagent avec insistance, fixement, plantées raides comme des arbres morts, la bouche crispée, et le regard noir parce que ma venue fait fuir les pigeons. Essuyant les quelques grognements des mémés et de leurs caniches roses en fourrure, je me pose d'habitude sur un banc, toujours le même. Mais aujourd'hui, il était occupé par une de ces nymphettes défraîchies avec une gueule comme un chrysanthème fané… Ne voulant pas déranger la demoiselle des années folles, je suis resté à distance, et je l'ai observée comme un naturaliste observant une bête, ou plutôt comme un obsédé observant un naturiste… Je suis resté là, voyeur, tourmenté par le mystère de ses mains fripées, de son corps informe pâté écrasé sur les lattes de bois, et de ses yeux étrangement aussi pétillants que ceux des jeunes filles !...
           
Derrière la tour, le soleil déclinait, et dans le jardin les arbres disparaissaient un à un… Mais elle restait là, plantée comme un gros chardon mou avec des yeux en pâquerettes humectées de rosée, elle pleurait… Elle pleurait… Et je voyais distinctement les larmes couler en cascades sur ses joues jusque dans son décolleté plissé et apparemment borgne… Elle pleurait en silence en se laissant envahir par la nuit… Elle pleurait, alors je suis parti, le cœur inondé de vomi sentimental…
           
Désormais, je n'irai plus me perdre dans ce triste paradis suspendu sur la grisaille hurlante de la cité… J'irai carrément au cimetière, c'est tellement plus gai !

Par Paracelsia le Mardi 6 mars 2007 à 22:28
Tu fais des voyages assez tentant.
Par ectoplasmatic.skyblog le Mercredi 7 mars 2007 à 18:13
toi t'es trop quoi! y a pas de mots!
sincéres bises
Par mon-nain-porte-quoi le Samedi 10 mars 2007 à 11:56
C'est toujours autant un plaisir de te lire !
Par rikitrash le Samedi 10 mars 2007 à 16:20
Tu as le don de trouver les mots justes.
Tes phrases sont des mélodies sublimes qui s'écoutent avec les yeux et le coeur...les mots parlent et se répondent tellement bien. Ca y est j'ai ma petite dose de Dadahprod désormais nécessaire, vitale ^^
Quelle joie de te lire.

Pauvres petits pâtés emprisonés dans leurs 25% polyesther, crachants des larmes par leur orbites fatiguées. Pauvres petits pâtés suintants de tristesse et de souvenirs oubliés de tous qui ne font que nous rappeler que cela sera notre avenir à nous aussi.
Pauvres petits pâtés...

:)
Par Fee-brile le Lundi 12 mars 2007 à 3:51
Ca me fait penser que j'ai revu ma grand mère il n'y a pas longtemps et je peux dire que moi aussi j'ai eu le coeur "inondé de vomi sentimental", c'est assez 'horrible" de voir comme le corp et l'esprit se décompose. Elle ne m'aurait pas reconnu si on ne lui avait dit. Cela fesait pourtant 'que' 3 mois que je ne l'avais vu. Bref...

Dommage pour notre conversation avorté... Et bon courage pour aujourd'hui!
Rah tu fais chier de m'avoir passé "perfect day" je l'écoute presque sans retenir mon souffle. Je sais pas d'ou elle sort mais j'ai l'impression, malgrès le titre, que c'est une lente destruction et que tout s'écroule, à croire que tu me l'as passé exprès >.< enfin bref me voilà à combler la frustration de n'avoir personne à qui me confier dans les commentaires de Dadah, mon pauvre, je t'autorise à me taper (mais trop fort).
Tient si un jour on se recroise, il faut que je te prête un bouquin, peut être te fera t'il la même impression qu'à moi.

Je me tais, warp!
 

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