C'est un midi sans soleil, exposé aux vents d'une rude saison imaginaire qui de son temps n'existait pas encore. Elle semble être là, absente aux regards des passants, attendant patiemment que les portes s'ouvrent. Je la regarde encore une fois par-dessus mon épaule sombre, juste encore une fois, pour me souvenir, pour oublier. Je vois les six étages, le rose pâle de la façade de l'immeuble, et le gris désolé du goudron sous mes pieds. Puis je revois le rouge, les lambeaux de chair, les cheveux noirs ondulant dans la flaque de sang. Je sens en moi un frisson. La chute. Les yeux fermés, fronçant les sourcils, je crie au fond de mon estomac ! Puis soulevant mes paupières, je sursaute en voyant qu'une dame se tient face à moi, complètement ahurie. « Tout va bien, jeune homme ? ». Puis plus rien. Je m'éloigne à grands pas…Dans mes oreilles, j'applique en profondeur un baume musical, et je monte le volume… Pendu à mes écouteurs, je m'ouvre le cœur et je plonge mon âme dans les abîmes vivifiantes du Rock'n'roll !